Préserver et valoriser : l’Afrique face aux défis de son patrimoine culturel immatériel

En Afrique, les traditions et expressions artistiques qui se transmettent depuis des lustres se rêvent désormais en levier d’innovation. Ces pratiques sont porteuses d’identité et de créativité, mais leur sauvegarde reste un challenge majeur, entre disparition des rites, manque de documentation et besoin de reconnaissance institutionnelle.

Le vendredi 17 octobre 2025, la 2e édition de la Journée internationale du patrimoine culturel immatériel sera pour l’Afrique une nouvelle occasion de mettre en lumière ses traditions et us coutumiers. Un volet qui cherche lui aussi à apporter de la valeur ajoutée sur un continent au potentiel toujours aussi sollicité dans divers autres secteurs.

Des chasseurs Masaï au Kenya

L’initiative lancée par l’UNESCO pour valoriser la richesse et la diversité des pratiques culturelles vivantes dans le monde, est célébrée par des communautés locales, des ONG, ainsi que des États signataires de la Convention de 2003 sur la sauvegarde de ce patrimoine. Ainsi, en Afrique, plusieurs pays mènent des actions en ce sens.

Le Togo avait organisé pour la 1re édition une conférence-débat sur le thème « Sauvegarde et valorisation du patrimoine culturel immatériel en Afrique subsaharienne : états des lieux et perspectives ». L’événement a permis de sensibiliser le grand public à l’importance de préserver les traditions et savoir-faire locaux.

Au Bénin, les Vodun Days célébrés en janvier 2025 ont attiré selon les chiffres officiels plus de 435 000 participants autour de danses des Egungun (esprits ancestraux), de séances de Fâ (divination), et autres performances artistiques locales. L’objectif affiché de cet événement est d’améliorer la compréhension du culte Vodoun dont le pays est le premier pôle mondial, et de défaire les stéréotypes autour de cette religion souvent perçue à tort comme de la magie noire.

Une danse Egungun au Bénin

Le musée des civilisations noires de Dakar au Sénégal tient des ateliers participatifs et des expositions interactives sur les instruments de musique traditionnels et les danses rituelles, impliquant des artisans et des groupes culturels locaux. Au Maroc, la ville de Fès a mis en place des conférences autour de l’artisanat immatériel, notamment la fabrication traditionnelle de zelliges (mosaïques d’ornement) et la pratique du henné (pigment esthétique) comme expression culturelle. Les artisans locaux ont ainsi pu partager leurs techniques avec des visiteurs et des étudiants en art et en design.

L’art en particulier occupe une place centrale dans le patrimoine immatériel africain. Des savoir-faire tels que le tissage de pagne au Burkina Faso (Faso Danfani), la poterie en Côte d’Ivoire ou la sériciculture en Éthiopie témoignent de connaissances antiques transmises de génération en génération. Ces pratiques ne sont pas juste des expressions artistiques, elles constituent également des vecteurs d’identité sociale et d’innovation culturelle.

Des poteries Mangoro en Côte d’Ivoire

La sauvegarde de ce patrimoine africain est néanmoins confrontée à certains défis. La documentation des pratiques, leur transmission intergénérationnelle et leur reconnaissance par les institutions sont des enjeux quotidiens qui nécessitent plus d’attention des États.

 

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