Si l’or réaffirme son statut de valeur refuge avec la flambée de ses cours, l’argent retrouve des niveaux inédits depuis plus d’une décennie. Cette progression, qui s’explique en partie par un contexte économique incertain, est également liée à un déficit structurel sur le marché du métal blanc.
Aux premières heures de la séance de négociation du mardi 2 septembre, l’or a vu son prix au comptant grimper à plus de 3500 USD l’once, battant un précédent pic historique atteint en avril dernier. En dépit d’une hausse d’environ 30 % depuis janvier, le métal jaune sous-performe l’argent, dont le prix a également atteint un record lundi 1er septembre : 40 dollars l’once, une première depuis septembre 2011.
Dans une note publiée le mardi 26 août, le Silver Institute rapportait déjà une progression de 34 % des prix du métal blanc depuis le début de l’année, contre 28 % pour l’or. Cette évolution traduit une accélération récente de la hausse de l’argent, puisqu’en juin dernier Agence Ecofin faisait encore état d’une domination de l’or, dont la performance atteignait 30 %, contre 25 % pour l’autre métal précieux.
Le ratio or/argent, qui indique le nombre d’onces d’argent qu’il faut pour acquérir une once d’or, illustre bien comment le métal blanc a fait son retard sur le métal jaune. A un pic de 105 en avril dernier, ce ratio est tombé à 87 début septembre, selon la plateforme Bullion By Post.
Dans l’ensemble, la progression des deux métaux s’explique par un contexte économique incertain, en particulier aux États-Unis où les analystes anticipent une baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale ce mois-ci. Du côté de l’argent cependant, les récentes percées trouveraient aussi leurs racines dans le déficit structurel qui caractérise son marché.
« L’argent progresse en réponse aux attentes de taux plus bas, tandis qu’un marché de l’offre restreint contribue à maintenir une tendance à la hausse », explique Tim Waterer, analyste de marché en chef chez la société de trading KCM Trade. Pour rappel, le Silver Institute table sur un déficit de 149 millions d’onces en 2025.
Si aucun élément ne permet encore d’anticiper l’évolution des dynamiques pour les mois à venir, notons que les perspectives sont globalement favorables pour les deux métaux. Goldman Sachs prévoit par exemple un prix de 3675 USD l’once d’ici fin 2025 pour l’or. Plus tôt cette année, la banque Citi anticipait pour sa part un prix de 40 USD l’once pour l’argent jusqu’en 2026, avec un potentiel de 46 USD l’once en cas de forte hausse.