Du déploiement de laboratoires mobiles en Zambie à la consolidation des capacités de séquençage au Cameroun, en passant par l’alerte rouge à la fièvre de la Vallée du Rift au Sénégal, l’Afrique continue de s’équiper face aux crises. Pendant ce temps, la menace du paludisme refait surface, le mpox atteint la Namibie, et Médecins Sans Frontières intensifie ses opérations humanitaires au Mozambique.
RDC : le dernier patient Ebola est sorti de l’hôpital, vers la fin de l’épidémie
Les signaux restent rassurants en République démocratique du Congo (RDC) avec la récente épidémie d’Ebola. Le dernier patient suivi a en effet quitté l’hôpital de Bulape, ce qui ouvre un nouveau chapitre dans la réponse sanitaire nationale. Depuis le 4 septembre, 64 cas (dont 53 confirmés) et 43 décès avaient été enregistrés dans la province du Kasaï.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a salué une réaction rapide du ministère congolais de la Santé, soutenu par ses partenaires. Plus de 35 000 personnes ont été vaccinées et un centre de traitement de 32 lits a été mis en place en un temps record.
Comme c’est de rigueur, une période de 42 jours est désormais observée avant la déclaration officielle de la fin de l’épidémie, prévue début décembre si aucun nouveau cas n’apparaît.
Cameroun : le séquençage du poliovirus accélère la riposte nationale
Pour la première fois, le Cameroun a réussi le séquençage complet d’un poliovirus variant de type 3 au niveau national. Cette avancée permet de détecter plus rapidement les foyers d’épidémie et de lancer les campagnes de vaccination sans attendre la validation des laboratoires régionaux du Ghana.
Cette autonomie scientifique renforce la capacité du pays à répondre aux urgences sanitaires et illustre la montée en puissance du réseau africain de laboratoires de séquençage soutenu par l’OMS.
Notons que des progrès similaires sont observés au Nigeria, où le délai de confirmation des variants de type 1 a chuté de 41 % grâce à la mise en service du laboratoire d’Ibadan. Ces investissements s’inscrivent dans l’objectif d’un continent libéré de la polio d’ici la fin de la décennie.
Sénégal : alerte rouge à la fièvre de la Vallée du Rift
Le Sénégal a officiellement déclaré l’épidémie de fièvre de la Vallée du Rift (FVR) dans le district de Dahra Djoloff, après deux cas confirmés, dont un décès. Les patients, tous deux éleveurs, ont été identifiés dans la commune de Tessékéré, à la frontière de la région de Saint-Louis.
Les autorités sanitaires appellent à la vigilance et à la prévention dans les zones pastorales. Des équipes vétérinaires et de santé publique sont mobilisées pour contrôler la propagation.
La maladie, transmise par les moustiques ou le contact avec du sang animal infecté, affecte surtout les bergers et les bouchers. Un plan de riposte multisectoriel a été activé par le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique.
Zambie : trois laboratoires mobiles pour renforcer la riposte aux maladies infectieuses
La Zambie a reçu cette semaine trois nouveaux laboratoires mobiles, destinés à accélérer la détection et la réponse face aux épidémies dans neuf pays d’Afrique australe. Offerts par le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) et l’ambassade américaine à Lusaka, ces unités sont censées aider à moderniser la stratégie régionale de lutte contre les maladies comme Ebola, la fièvre de Lassa ou le mpox.
Ces unités autonomes peuvent fonctionner trois semaines sans assistance externe et entièrement opérationnels en deux heures, selon le ministère zambien de la Santé, et permettraient de réduire le délai d’analyse à moins de 48 heures. Un coup de boost pour une riposte plus rapide et coordonnée.
Cet appui s’inscrit dans un contexte où la région reste confrontée à plusieurs crises sanitaires majeures, notamment plus de 70 000 cas suspects de mpox en RDC et 1 400 cas en Zambie depuis octobre 2024. Le Colonel Michael Cohen, chirurgien de l’AFRICOM, qualifie cette initiative de « changement de paradigme » dans l’approche régionale de la sécurité sanitaire.
Paludisme : un recul des efforts coûterait 83 milliards de dollars au continent d’ici 2030
L’Afrique subsaharienne risque de perdre 83 milliards $ de PIB d’ici 2030 si les financements contre le paludisme diminuent, alerte un rapport de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA) et Malaria No More UK. Ce « scénario catastrophe » entraînerait 525 millions de cas supplémentaires et 990 000 décès, dont 750 000 enfants de moins de cinq ans.
Le rapport modélise différents scénarios de financement et leurs impacts économiques et sanitaires. L’enjeu dépasse le cadre strictement médical : un sous-investissement compromettrait les progrès réalisés ces dernières années et menacerait la productivité économique de la région, déjà fragilisée par les chocs multiples.
Il faut cependant noter que l’analyse a été publiée peu avant la 8è reconstitution du Fonds mondial fixée au 21 novembre 2025. Ce fonds finance près de 60 % des interventions internationales contre le paludisme, notamment les moustiquaires de nouvelle génération et la chimio-prévention saisonnière pour enfants.
De leur côté, plusieurs pays africains ont déjà mis en place des Conseils nationaux de lutte contre le paludisme, mobilisant plus de 166 millions $ de ressources locales.
Namibie : premier cas confirmé de mpox, l’État en alerte
En Namibie, le ministère de la Santé a confirmé le premier cas de mpox à Swakopmund, dans la région d’Erongo. L’épidémie a été officiellement déclarée le 18 octobre, conformément aux protocoles de l’OMS. Le patient, dans un état stable, est actuellement isolé dans un hôpital local. Dans la foulée, les autorités ont lancé un traçage des contacts et activé les centres d’isolement dans tout le pays.
Le mpox est une maladie virale transmise par contact direct ou gouttelettes respiratoires. Si elle reste endémique en Afrique centrale, elle s’étend aussi peu à peu vers le sud du continent. La Namibie renforce ainsi son dispositif de surveillance pour éviter une propagation transfrontalière, alors que des foyers actifs sont signalés en Zambie, Tanzanie et République démocratique du Congo.
Mozambique : MSF intensifie son aide médicale face à une nouvelle vague de déplacés
Au nord du Mozambique, l’ONG humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) renforce ses activités à Mueda, dans la province de Cabo Delgado, après une série d’attaques ayant provoqué le déplacement de plus de 92 000 personnes depuis fin septembre.
L’organisation médicale gère désormais trois camps (Eduardo Mondlane, Nandimba et Lianda) où elle mène des activités de soins primaires, de sensibilisation à l’hygiène et d’appui psychologique. Plus de 4 500 personnes ont déjà bénéficié de séances d’éducation sanitaire.
La multiplication des déplacements répétés fragilise les infrastructures locales et accroît les risques d’épidémies hydriques à l’approche de la saison des pluies. MSF alerte sur l’urgence d’un soutien humanitaire durable face à une crise qui entre dans sa huitième année.





























