Dans le secteur mondial du cacao, l’un des principaux enjeux est celui de la durabilité de la production. Depuis plusieurs décennies, les appels fusent pour réduire l’impact de la production sur les écosystèmes forestiers, notamment dans le bassin cacaoyer ouest-africain.
Pour la saison 2024/2025 (octobre à septembre), la Côte d’Ivoire a pu tracer 40 % de ses fèves de cacao. C’est l’une des conclusions de l’édition 2025 du rapport « Baromètre du cacao », publié mercredi 8 octobre par Voice Network, un réseau d’organisations non gouvernementales.
D’après le document qui dresse sur 200 pages un état des lieux des principaux enjeux de l’industrie mondiale du chocolat (pauvreté, déforestation, droits de l’Homme), cette situation est d’abord la conséquence de la fragmentation des acteurs dans la chaîne de commercialisation intérieure.
En effet, soulignent les auteurs, la majeure partie de l’approvisionnement en Côte d’Ivoire se fait par des intermédiaires informels. Le contact direct entre les négociants/transformateurs et les producteurs est rare, les premiers acteurs passant généralement par des pisteurs, des traitants, des coopératives ou d’autres opérateurs.
« Ce manque de transparence rend difficile le suivi de la durabilité de la filière cacao et empêche une véritable responsabilisation en matière de déforestation et d’autres enjeux environnementaux », expliquent-ils.
Ce constat qui suggère que 60 % du cacao ivoirien passe sous les radars fait écho à une autre étude publiée en 2023 par la plateforme Trase et l’UCLouvain. Celle-ci estimait que 55 % du cacao exporté en 2019 soit près d’un million de tonnes n’était pas traçable.
« Les liens entre coopératives et planteurs sont assez fluides, avec des planteurs qui vendent à plusieurs acheteurs pour faire face aux retards de paiements, et des coopératives qui peuvent acheter à des non-membres pour pouvoir atteindre leurs objectifs de volumes pour leurs clients. C’est aussi difficile de s’assurer que les sacs qui sont vendus par un planteur proviennent bien de son champ, parce que c’est difficile de savoir exactement combien une parcelle peut produire », expliquait Cécile Rénier, chercheuse à l’UCLouvain.
Le rapport intervient par ailleurs dans un contexte où la Commission européenne (CE) plaide pour un nouveau report à 2026 de la loi du bloc européen visant à interdire les importations de produits agricoles issus de la déforestation (cacao, café, soja, huile de palme, bois et viande) prévue pour entrer en vigueur d’ici la fin de cette année.
Si, selon les observateurs, la traçabilité reste un enjeu majeur pour la filière ivoirienne dans la mesure où l’UE absorbe 55 % de ses expéditions de cacao et produits dérivés, plusieurs efforts sont à l’œuvre.
En septembre 2023, le pays a adopté un Système national de traçabilité du café-cacao qui repose sur une plateforme informatique permettant d’enregistrer toutes les opérations commerciales, ainsi qu’un dispositif d’étiquetage des sacs de café et de cacao.
Après avoir procédé à un recensement des producteurs et de leurs vergers entre avril 2019 et décembre 2020, le Conseil du café-cacao (CCC) a lancé en 2022 la distribution de cartes permettant l’identification des exploitants (nom, prénom, superficie du verger entre autres) et les opérations de paiement relatives aux ventes de cacao et de café.
Depuis lors, d’après les autorités ivoiriennes, près de 855 000 cartes ont été distribuées sur un total de 993 000 agriculteurs répertoriés et cultivant plus de 3,2 millions d’hectares de café et de cacao.




























