Le Ghana veut rester le leader africain en matière d’adoption des véhicules électriques

L’ex-Gold Coast a accueilli la 3e édition du Renewable Energy Forum Africa, l’un des principaux rendez-vous énergétiques du continent. L’événement a réuni des participants venus de 20 pays, dont l’Italie, le Royaume-Uni, la Chine et la France.

Lors du discours inaugural de la 3e édition du Forum africain des énergies renouvelables (REFA) tenue du 3 et 4 décembre 2025 à Accra, le ministre ghanéen de l’Énergie et de la Transition énergétique, John Abdulai Jinapor, a placé la mobilité électrique au cœur de son intervention. « Le Ghana veut aller plus vite et plus loin que les autres pays africains dans le développement des véhicules électriques, afin de transformer l’avance déjà acquise en véritable position de leader », a-t-il déclaré.

En effet, environ 17 000 véhicules électriques ont été dénombrés dans le pays au premier semestre 2025, ce qui lui confère le plus grand parc d’Afrique dans cette catégorie. Ce chiffre est surtout porté par des entreprises locales comme SolarTaxi et Kofa, qui assemblent des motos, tricycles, bus ou autres petits véhicules électriques grâce à leurs partenariats avec des groupes chinois comme BYD, Chery, Dongfeng ou TAILG.

Ces véhicules sont largement utilisés pour la livraison, le transport urbain ou le fret de marchandises, avec des coûts d’exploitation jusqu’à 60 % inférieurs à ceux des solutions traditionnelles, selon le dirigeant. Jinapor a cependant reconnu que le développement du véhicule électrique repose encore sur une infrastructure insuffisante. Une étude du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) recensait seulement 7 stations publiques de recharge début 2024, toutes situées à Accra. La plupart des utilisateurs rechargent donc leurs véhicules chez eux, ce qui limite les déplacements, freine l’adoption par les ménages et complique l’usage professionnel.

Le ministre a insisté sur la nécessité d’un réseau national de recharge, qui devra être déployé avec un engagement fort du secteur privé. L’autre défi concerne la maintenance. Peu d’ateliers locaux disposent des compétences nécessaires pour réparer des véhicules électriques, ce qui oblige les utilisateurs à se tourner vers les revendeurs ou à se contenter d’un service limité. Le dirigeant estime que la montée en compétence de techniciens locaux sera indispensable pour soutenir l’essor du marché, et que des partenariats entre instituts techniques et industriels peuvent accélérer la formation.

Le développement de véhicules électriques s’inscrit également dans la stratégie plus large de transition énergétique du Ghana. En août dernier, le ministère de l’Énergie a approuvé un programme de 3,4 milliards USD destiné à installer 1400 MW d’énergie propre à travers le pays, ciblant particulièrement les toitures des écoles et des établissements sanitaires. Ce programme s’intègre dans un cadre visant à diversifier à terme l’approvisionnement énergétique, réduire la dépendance aux combustibles importés et faire progresser les solutions solaires, notamment grâce à la baisse de 80 % du prix des panneaux ces dernières années.

Le ministre a indiqué que le pays s’inspire de l’Inde et de la Chine, où l’industrialisation du secteur électrique a reposé sur un mélange de politiques ciblées, de partenariats et de soutien aux chaînes de valeur locales. Par ailleurs, il souhaite que cette transition soit inclusive et génère des opportunités pour les entreprises et les techniciens locaux. Pour lui, le Ghana peut atteindre, à terme, un niveau de développement énergétique comparable à celui observé en Chine dans le domaine des technologies propres, à condition que les investissements suivent et que les entreprises locales soient pleinement impliquées.

La trajectoire voulue pour le marché des véhicules électriques dans l’ex-Gold Coast est ainsi conditionnée par la rapidité d’extension du réseau de recharge, la capacité à attirer des capitaux et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. Si ces conditions se concrétisent, le pays pourrait confirmer son statut de pionnier et devenir un pôle régional de référence.

 

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