Standard & Poor’s a attribué à la Guinée une note B+ à long terme, avec perspective stable. Cette première notation place le pays ouest-africain sur le radar des investisseurs internationaux, tout en posant les bases d’un futur recours aux marchés.
L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a attribué pour la première fois le jeudi 18 septembre 2025 une note souveraine à la Guinée : B+ à long terme et B à court terme, avec une perspective stable. Cette notation qui place le pays dans la catégorie « spéculative » (non investment grade) marque surtout une étape historique, ce dernier rejoignant le cercle des États africains évalués par les grandes agences internationales.
Cette reconnaissance fait apparaitre la Guinée sur les radars des investisseurs et constitue une première marche pour accéder à des financements internationaux.
Les indicateurs qui ont pesé dans cette notation
S&P fonde sa notation sur plusieurs indicateurs macroéconomiques, la croissance attendue reposant principalement sur le secteur minier. La Guinée est déjà le premier producteur mondial de bauxite et s’apprête à renforcer sa position dans le fer grâce au projet Simandou, annoncé comme l’un des plus grands gisements au monde.
L’exploitation du site ferreux de Simandou va renforcer l’économie guinéenne
L’agence projette une croissance moyenne du PIB proche de 10% entre 2026 et 2028. La situation budgétaire et monétaire a aussi pesé dans l’analyse : le déficit public est projeté sous la barre des 3% du PIB pour la période 2025-2028, la dette publique est estimée à 44% du PIB en décembre 2024, et l’inflation ramenée à 3,5% actuellement après un pic supérieur à 11% entre 2020 et 2022.
En parallèle, le pays a récemment achevé un exercice de rebasage de son PIB qui a permis de prendre en compte de secteurs jusque-là peu ou mal maitrisés. Le PIB nominal de 2024 a été révisé à la hausse de près de 50%, soit 36,3 milliards USD, avec un taux d’endettement revu à la baisse à 30,5% du PIB en décembre 2024. Enfin, les discussions en cours avec le FMI pour un nouveau programme apportent un cadre de réformes et une crédibilité supplémentaire.
Les implications pour les investisseurs
La note B+ reste spéculative, mais elle offre une visibilité qui pourrait faciliter l’accès de Conakry aux marchés financiers internationaux, avec des conditions de financement plus favorables que par le passé. Une émission obligataire souveraine sur les marchés internationaux pourrait ainsi être envisagée dans les prochains mois.
Pour le secteur privé, cette notation améliore la perception du risque pays et pourrait encourager de nouveaux investissements directs étrangers (IDE), en particulier dans les mines, l’énergie et les infrastructures. À moyen terme, la capacité du pays à progresser vers une note BB- dépendra de plusieurs réformes, dont l’amélioration de la mobilisation fiscale, le renforcement de la transparence budgétaire et la diversification de l’économie au-delà du secteur extractif.