Renouvelable : l’Afrique face au challenge d’une transition respectueuse des écosystèmes

Affectée par changement climatique, l’Afrique doit accélérer sa transition énergétique. Ses richesses en soleil et en vent lui permettent de bâtir un modèle de production électrique qui peut répondre à ses besoins croissants tout en évitant de nouveaux déséquilibres environnementaux.

À l’instar d’autres régions du monde, l’Afrique connait des contrecoups environnementaux liés l’utilisation massive des énergies fossiles. En plus de la perturbation des climats, les territoires des pays producteurs ont été durablement marqués par le torchage, les marées noires ou d’autres types de pollution.

Le renouvelable représente aujourd’hui une opportunité historique pour le continent. Il s’agit de produire localement une énergie durable et qui réduit la part africaine dans les émissions planétaires. Mais ce déploiement doit se faire en tenant compte de l’équilibre des écosystèmes.

C’est dans cet esprit que l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) avance six principes de planification dits « Nature positive ». Leur application trouve sa pertinence en Afrique, où l’urgence d’accroître l’accès à l’électricité se conjugue avec la nécessité de protéger des écosystèmes fragiles.

Le premier est la planification intégrée des sites, qui combine données environnementales, sociales et énergétiques pour identifier les zones à fort potentiel renouvelable et à faible impact écologique. L’objectif est d’éviter les territoires sensibles, qu’ils soient naturels ou culturels.

Vient ensuite la co-utilisation des espaces déjà modifiés, comme les terres agricoles, les friches industrielles ou les plans d’eau. Une approche testée au nord du Maroc, où le barrage d’Oued Rmel accueille la première centrale solaire flottante du pays. D’une capacité prévue de 13 MW, l’installation alimentera en électricité verte le complexe portuaire de Tanger Med tout en limitant l’évaporation de l’eau dans un contexte de sécheresse historique.

Au Mali et en Gambie, le projet APV-MaGa illustre une autre facette de cette co-utilisation en associant agriculture et énergie solaire. Les panneaux protègent les cultures de la chaleur excessive tout en produisant de l’électricité.

Les principes de restauration et d’adaptation évoqués également par l’IRENA rappellent qu’aucun projet ne doit causer de dommages irréversibles. Ils encouragent à remettre les sites dans leur état initial ou à compenser les impacts inévitables, tout en utilisant des technologies capables de s’ajuster aux dynamiques naturelles. L’allongement de la durée de vie des installations est également crucial. En effet, moderniser des centrales existantes permet d’augmenter la production sans mobiliser de nouveaux sites.

Enfin, l’implication des communautés locales demeure indispensable. En Sierra Leone, la loi impose le consentement libre, préalable et éclairé pour tout projet industriel. Cette exigence garantit la participation des populations aux décisions et contribue à la durabilité des projets énergétiques. Si l’Afrique parvient à déployer ses énergies renouvelables en accord avec la nature, elle pourra en plus de combler son déficit énergétique, inspirer d’autres régions du monde confrontées aux mêmes défis.

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