Zambie : 20 milliards $ prévus d’ici à 2030 pour stimuler la chaîne de valeur des minéraux critiques

En Zambie, le secteur minier constitue un pilier de l’économie, représentant plus de 10 % du PIB et 70 % des exportations. L’État cherche à en optimiser la contribution, en misant notamment sur l’exploitation de minéraux critiques tels que le cuivre, le cobalt ou encore le nickel. 

La Zambie ambitionne de mobiliser environ 20 milliards USD d’ici 2030 afin de développer une chaîne de valeur intégrée autour des minéraux liés à la transition énergétique, notamment le cuivre. C’est ce qui ressort de la feuille de route intitulée « Repositioning Zambia to Leverage Energy Transition Minerals for Economic Transformation: A Roadmap », conçue par la Banque mondiale en collaboration avec le gouvernement zambien et publiée en avril 2025.

Cette feuille de route prévoit des réformes ciblées pour permettre à la Zambie de valoriser pleinement ses ressources minérales stratégiques et accélérer sa transformation économique. Ces mesures portent notamment sur la modernisation du cadastre minier par de nouvelles études cartographiques et géologiques, l’accélération de l’exploration et du développement de gisements ou encore la relance de projets miniers abandonnés.

À tout cela s’ajoutent l’optimisation des infrastructures logistiques, le renforcement de l’approvisionnement électrique dans les zones minières, ainsi que le développement du capital humain.

Le programme s’étendra sur plusieurs années, avec une première phase courant jusqu’en 2030, correspondant à l’enveloppe initiale de 20 milliards USD. À l’horizon 2040, le coût total des investissements prévus est estimé à 60 milliards USD. Ces fonds devraient en majeure partie provenir des acteurs du secteur privé.

Les minéraux critiques au cœur du développement économique en Zambie

En misant sur la valorisation de ses minéraux critiques, la Zambie cherche à profiter de la croissance d’un marché en plein essor. Dans son rapport « Global Critical Minerals Outlook 2024 », l’AIE indique que la valeur du marché des minéraux critiques devrait passer de 325 milliards USD en 2024 à 770 milliards USD en 2040. En parallèle, le Future Minerals Forum prévoit que 5400 milliards USD d’investissements seraient nécessaires d’ici 2035 pour soutenir la production de minéraux critiques dans une « Super Région » englobant l’Afrique.

Le secteur minier constitue déjà l’un des principaux piliers de l’économie zambienne, contribuant à hauteur de 10 % au PIB et 70 % des exportations. Deuxième plus grand producteur africain de cuivre, derrière la RDC, la Zambie aspire à stimuler encore plus le développement de cette industrie. Pour cela, Lusaka envisage de plus que tripler la production nationale de cuivre d’ici 2031 à 3 millions de tonnes, contre environ 800 000 tonnes en 2024. À en croire la nouvelle feuille de route, cette ambition devrait ainsi s’inscrire dans une dynamique de développement plus large, incluant d’autres minéraux essentiels à la transition énergétique comme le cobalt et le nickel.

La mise en œuvre effective de ce programme devrait, apprend-on, tripler la production minière de la Zambie, tout en multipliant par trois à quatre fois les recettes fiscales issues du secteur minier. Une augmentation du nombre d’emplois est aussi anticipée, avec environ 500 000 emplois directs et indirects attendus à terme.

Un « climat d’investissement stable » pour sécuriser le financement

La concrétisation des objectifs de cette feuille de route dépendra en partie de plusieurs facteurs importants. Le financement ressort comme un défi majeur, en raison notamment de l’importante contribution attendue de la part du secteur privé. Dans ces conditions, l’adoption de mesures visant à promouvoir un climat des affaires stable pour les investisseurs apparaît comme une condition essentielle. À cela, il faut ajouter la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire propice pour faciliter une collaboration efficace entre les secteurs public et privé.

« La majeure partie du financement devrait provenir du secteur privé. Cela nécessite un climat d’investissement stable et compétitif qui attire les capitaux privés à grande échelle. Il faut également déployer des modèles de financement innovants pour tirer parti des financements publics et concessionnels limités afin de mobiliser des capitaux privés à grande échelle », recommande notamment la Banque mondiale.

Quoi qu’il en soit, l’adoption de politiques incitatives et transparentes serait un levier essentiel pour attirer les capitaux privés, et par extension accélérer les mesures prévues dans la feuille de route. Reste aussi à voir comment cette orientation se traduira concrètement dans les années à venir, sur fond de transition énergétique mondiale.

 

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