Bien que l’Afrique se situe globalement en dessous de la moyenne mondiale, neuf pays du continent se distinguent par un fort potentiel d’investissement dans l’intelligence artificielle. Ce dynamisme repose sur des infrastructures numériques avancées, une main-d’œuvre qualifiée et un cadre réglementaire favorable.
Le Maroc, l’île Maurice et le Gabon sont les pays qui offrent le meilleur potentiel d’investissement dans l’intelligence artificielle (IA) en Afrique, selon un rapport publié le mercredi 20 novembre par l’Agence française de développement (AFD).
Intitulé « AI Investment Potential Index (AIIPI) », le rapport mesure le potentiel d’investissement dans l’IA dans 193 pays, en se basant sur une vingtaine d’indicateurs tels que : l’état des infrastructures numériques, la stabilité politique, l’environnement réglementaire, l’accès à l’électricité, l’efficacité gouvernementale, le développement du capital humain, les capacités statistiques et la présence d’une stratégie nationale dans le domaine de l’IA.
Les différents indicateurs sont mesurés sur une échelle allant de 0 à 100 points pour dégager un score global, qui reflète la capacité de chaque pays et chaque région à attirer les investissements dans le domaine de l’IA.
Les pays étudiés sont classés en quatre groupes, qui correspondent à différents stades de potentiel d’investissement. Les stades sont définis comme suit : stade 1 (AIIPI < 26 points / faible potentiel), stade 2 (AIIPI entre 26 et 50/ potentiel moyen), stade 3 (AIIPI entre 51 et 75/ potentiel élevé), et Stade 4 (AIIPI > 75/potentiel très élevé).
A chaque stade correspondent des besoins différents. Alors que les économies classées dans les stades 3 et 4 doivent plutôt se concentrer sur l’innovation en matière d’IA et la perfection des cadres réglementaires, les économies classées dans les stades 1 et 2 sont appelées à donner la priorité aux infrastructures et au développement des compétences humaines.
Au total, neuf pays africains figurent dans le stade 3. Il s’agit, outre le Maroc, l’île Maurice et le Gabon, du Rwanda, du Kenya, du Botswana, de la Tunisie, du Sénégal, et de l’Egypte. Ces neufs pays obtiennent tous des scores supérieurs à la moyenne mondiale de 49,68 points, grâce notamment à un bon niveau de développement des infrastructures numériques, à la disponibilité des compétences humaines et à un environnement réglementaire favorable.
Des interventions politiques ciblées sont nécessaires
Les pays africains classés dans le stade 1 sont, entre autres, l’Erythrée, le Soudan du Sud, le Burundi, la Centrafrique et le Liberia.
Plus généralement, le continent africain obtient un score global de 36,61 points, qui se situe largement en dessous de la moyenne mondiale.
L’Amérique du Nord arrive en tête de liste avec un score de 70,5 points, devant l’Europe & l’Asie centrale (64,26 points) et l’Amérique latine & les Caraïbes (50,11). Viennent ensuite l’Asie de l’Est et le Pacifique (48,35 points), le Moyen-Orient & l’Afrique du Nord (47,6), l’Asie du Sud (43,48) et l’Afrique subsaharienne (35,45).
Les régions Amérique du Nord et l’Europe & l’Asie centrale sont ainsi placées dans le stade 3 du potentiel d’investissement, qui indique une forte capacité à attirer les investissements. Ces régions présentent des infrastructures bien établies, une stabilité économique et un environnement réglementaire très favorable.
En revanche, des régions comme l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud se trouvent au stade 2, reflétant un climat d’investissement plus difficile. A quelques exceptions près, les pays de ces régions sont notamment confrontés à des obstacles tels que l’instabilité politique, des infrastructures limitées ou des systèmes financiers sous-développés, qui les rendent moins attrayantes pour les investisseurs à la recherche d’opportunités dans le domaine de l’IA.
Ces écarts entre les régions soulignent la nécessité d’interventions politiques ciblées et d’une aide au développement afin de combler le fossé en matière d’attractivité pour les investisseurs, selon le rapport qui constitue un outil visant à orienter les institutions financières, les banques de développement et les gouvernements dans leurs décisions d’investissement stratégique en IA.
A noter par ailleurs que peu de pays sont placés dans le stade 4 (potentiel d’investissement très élevé). Il s’agit, entre autres, des Emirats arabes unis, de l’Islande, de la Norvège, de la Suède et de la Suisse.