Les industries extractives et énergétiques sont les secteurs les plus polluants, générant plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce sombre constat les place au cœur des accusations en tant que principaux responsables de la triple crise climatique.
En guise de solution, les Objectifs de développement durable fixés par l’ONU ainsi que l’accord de Paris lors de la COP21 ont mis l’accent sur le basculement des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Une mutation qui débutera par un mix énergétique. Cette réorientation stratégique vers les énergies renouvelables, plus écologiques, représente une opportunité pour le développement de l’Afrique. Le continent dispose en effet des minerais stratégiques et de sources d’énergies vertes indispensables à cette transition écologique.
Industries des voitures électriques
L’une des parties visibles de l’iceberg de cette transition écologique demeure le passage des véhicules classiques thermiques aux véhicules électriques. À en croire le Rapport sur le développement économique en Afrique de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), « il faut près de six fois plus de minéraux pour construire une voiture électrique en comparaison avec une voiture conventionnelle ».
Un avantage pour le continent africain qui possède environ 19 % des réserves mondiales des métaux nécessaires à la construction d’une voiture électrique. Notamment 48 % des réserves mondiales de cobalt et de manganèse, 80 % des réserves mondiales de phosphate et 92 % des réserves mondiales de platine. En outre, l’Afrique représente 97 % des exportations mondiales de cobalt et 84 % des exportations mondiales de manganèse. Un vivier de ressources qui positionne l’Afrique comme un partenaire d’affaires de premier plan dans une industrie automobile électrique en plein essor.
Solaire & hydrogène vert
L’énergie solaire a également une place de choix au soleil des énergies renouvelables. Sa matière première, le soleil, est omniprésente sur le continent avec une durée d’ensoleillement d’approximativement 3 000 heures annuelles. Selon l’agence internationale de l’énergie, 60 % des emplacements idéaux pour développer l’énergie solaire sont localisés en Afrique. La production d’électricité via cette source trouve également un terreau fertile en Afrique. Le rapport 2022 de l’European Investment Bank révèle en effet que 50 millions de tonnes d’hydrogène vert pourraient être produites d’ici à 2035 sur le continent grâce à l’énergie solaire. Outre sa basse empreinte écologique, l’hydrogène vert à un tarif de production compétitif, moins de 2 dollars le kilogramme (contre 60 dollars le baril de pétrole). Une option séduisante pour les investisseurs dans la perspective d’une décarbonisation des chaînes d’approvisionnement avec des avantages de coûts considérables. Par ailleurs, globalement, les statistiques indiquent que le continent dispose au moins d’un cinquième des réserves mondiales d’une dizaine de minéraux nécessaires à la transition énergétique. Des richesses dignes d’un pays de cocagne.
Industrie électronique : cas de la téléphonie mobile
Outre leur importance dans la production d’énergies renouvelables et d’engins de mobilité électrique plus verts, les minerais dont dispose l’Afrique alimentent également des industries d’avenir, à l’instar de celle de la téléphonie mobile.
Le cobalt, le nickel et le manganèse sont en effet des matières premières indispensables à la fabrication des téléphones. De toute évidence, l’Afrique sortira encore une fois perdante du modèle économique actuel, consistant en la commercialisation des matières premières brutes. Une telle approche n’offrira au continent qu’une infime bribe du poids socio-économique et de la valeur ajoutée qu’acquièrent ces minerais en tant que composante majeure dans la chaîne d’approvisionnement de ces industries. Une transformation structurelle de l’économie s’impose donc pour faire des énergies renouvelables, le véritable moteur d’une croissance. Un challenge que le continent devra impérativement relever avec une nouvelle approche.
En effet, à en croire un rapport de Tralac, en dépit de tout son potentiel, l’Afrique n’a attiré que 2,8 % des investissements directs étrangers (IDE) alloués dans le monde à la transformation des minéraux critiques sur la période 2019-2023. En vue d’inverser la tendance, le premier geste préconisé est un choix politique : interdire les exportations en vue d’augmenter la compétitivité de la transformation nationale. L’objectif étant de faire feu de tout bois pour industrialiser le secteur et capter des investissements directs étrangers.
Une aubaine
Le préalable à ces deux cas de figure demeure la création d’un cadre de dialogue B2G et B2B entre les entreprises existantes et de potentiels investisseurs. Une aubaine offerte par le Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE) prévu du 27 novembre au 2 décembre 2024 au Parc des Expositions à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Au programme de ce premier rendez-vous articulé autour des 3 sous-secteurs de l’industrie, en l’occurrence, les Mines, Pétrole et Énergie, les opportunités offertes par la Côte d’Ivoire et d’autres pays de la sous-région ouest africaine seront à l’ordre du jour. Les panels et conférences autour du thème : Développement durable des industries extractives et énergétiques : quelles politiques et stratégies contribueront à adresser les enjeux environnementaux et socio-économiques du secteur. L’événement apparaît ainsi à point nommé face aux récentes découvertes en cascades de minerai stratégiques pour la transition écologique en général et les énergies renouvelables en particulier.
Terre d’opportunités
Par ailleurs, relativement à l’enjeu stratégique, de devenir un continent névralgique dans l’attrait d’investissements dans le secteur des énergies renouvelables, le continent est auréolé de plusieurs atouts. << L’Afrique, en tant que faible émetteur de carbone capable de s’adapter facilement à la production des secteurs de la transition énergétique, constitue le cadre idéal pour les économies et les entreprises qui cherchent à décarboniser leurs secteurs d’activité, à diversifier leurs chaînes d’approvisionnement et à les rendre plus vertes>>, signale le rapport. Le continent a donc des allures d’une destination de rêve pour des investissements directs étrangers. En sus, du fait de sa juvénilité, l’attrait du continent vis-à-vis des hommes d’affaires dans le secteur des énergies renouvelables se trouve renforcé.
« Sa main-d’œuvre plus jeune, plus ouverte aux nouvelles technologies et plus capable de s’adapter permettra aux secteurs et aux chaînes d’approvisionnement à forte intensité technologique d’accroître leur productivité », selon le CNUCED représente un facteur X pour les industries extractives et énergétiques en quête de ressources humaines productives. Un climat des affaires attractif à priori qui pourrait représenter une réelle plus-value pour le continent s’il réussissait à capter effectivement des investissements. D’emblée, des implantations d’entreprises étrangères porteraient à la hausse la production de richesse avec une augmentation du PIB.
De plus, l’implantation d’industries de transformation des ressources extractives et énergétiques permettrait en effet de créer des emplois avec un niveau de rémunération au-dessus de la moyenne conformément aux standards du secteur. Une hausse du revenu qui entraînera un cercle vertueux de créations de richesse et d’augmentation du niveau de vie. Ce scénario augmentera aussi l’expertise d’acteurs locaux tirant profit de leurs expériences dans ces multinationales. Potentiellement, ces qualifications pourraient éventuellement constituer des bases au développement des initiatives locales dans le secteur. La mise en place de joint-ventures entre les entreprises locales et les multinationales du secteur demeure aussi une ébauche de solution dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant entre des entreprises du nord et du sud. Tous les indicateurs semblent donc au vert pour faire du SIREXE le trait d’union entre les ressources du continent et l’objectif de développement durable des énergies renouvelables.