L’accord entre l’État congolais et Primera a entraîné une augmentation spectaculaire de 12 000 % des exportations d’or artisanal en 2023. Cependant, la société émiratie a rencontré des difficultés ces derniers mois, ce qui a conduit à son rachat par le gouvernement, qui entend relancer les activités de négoce d’or.
En RDC, l’émirati Primera Group a bouclé la vente de sa participation majoritaire dans la société locale Primera Gold à l’État. C’est ce qu’a confirmé fin août à Reuters Joseph Kazibaziba, directeur général de la société désormais publique.
Primera Gold disposait en effet, depuis 2022, d’un quasi-monopole sur l’achat et la vente d’or extrait par les mineurs artisanaux dans le Sud-Kivu. Après avoir contribué à une hausse de 12 000 % des exportations congolaises d’or artisanal en 2023, Primera Gold a néanmoins vu ses exportations chuter à 164 kg par mois à partir de mars dernier.
La société fait face à des difficultés pour acheter de l’or en raison de la contrebande vers les pays voisins, plus lucrative pour les acteurs de la chaine de valeur, explique un rapport onusien publié en juin.
L’État congolais n’a néanmoins pas dit son dernier mot sur ce dossier et compte toujours atteindre l’objectif initial de formalisation du secteur artisanal de l’or. Pour y arriver, la société cherche désormais de nouveaux investisseurs à qui vendre l’or acheté auprès des mineurs artisanaux dans l’est du pays.
« Nous sommes très ouverts à de nouveaux acheteurs, car on nous a reproché d’être exclusifs. Nous sommes même intéressés par la recherche d’acheteurs en Europe », explique le DG Kazibaziba.
L’État peut-il faire mieux ?
Les exportations d’or artisanal en RDC sont passées de 42,25 kg en 2022 à plus de 5 tonnes en 2023, première année d’activité de Primera Gold. Avant la chute des exportations cette année, Primera estimait même pouvoir atteindre des exportations annuelles de 60 tonnes d’or. Cela illustre le potentiel sous-exploité du secteur aurifère artisanal en RDC et les revenus qu’une formalisation renforcée pourrait générer pour l’État.
Selon un rapport produit en 2012 par l’IPIS et qui reste d’actualité, l’un des moyens de réussir la formalisation du secteur minier artisanal réside dans le soutien aux premiers acteurs de la chaine de valeur. Intitulé « The formalisation of artisanal mining in the Democratic Republic of the Congo and Rwanda », le document a montré que plus de 500 000 mineurs artisanaux travaillent dans l’est du pays et contribue à la subsistance d’une communauté plus large.
Les initiatives de formalisation devraient donc protéger ces moyens de subsistance des mineurs artisanaux et des communautés locales. Cela pourrait consister à rendre le négoce formel de l’or plus attractif pour les mineurs que la vente de leur production aux négociants illicites.
Bien que la collaboration entre l’État et son partenaire émirati s’arrête sur l’or artisanal, elle devrait se poursuivre sur les minerais 3T (étain, tungstène, tantale). À travers Primera Metals RDC, la société émiratie dispose d’un autre accord avec les autorités locales pour formaliser le secteur des 3T et assurer la traçabilité de l’approvisionnement. L’accord devrait également favoriser le développement de la transformation locale, avec l’installation de raffineries et d’usines de traitement en RDC.