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Que la bande dessinée occidentale en finisse avec ses stéréotypes africains

Pour lutter contre les stéréotypes sur l’Afrique, les intellectuels du continent se sont souvent attaqués aux clichés véhiculés par le cinéma ou la presse occidentale. Parfois oubliée, la bande-dessinée a également joué un rôle dans la création de stéréotypes sur l’Afrique en ayant même un impact plus insidieux lorsqu’on considère le public principal auquel est destiné ce type de formats.

Pour lutter contre les stéréotypes sur l’Afrique, les intellectuels du continent se sont souvent attaqués aux clichés véhiculés par le cinéma ou la presse occidentale. Parfois oubliée, la bande-dessinée a également joué un rôle dans la création de stéréotypes sur l’Afrique en ayant même un impact plus insidieux lorsqu’on considère le public principal auquel est destiné ce type de formats.

Le 31 octobre, en France, les éditions Dupuis ont annoncé le retrait d’un album des aventures de Spirou et Fantasio paru en 2023. L’album est l’objet depuis plusieurs jours d’une pluie de critiques pour sa représentation des Africains, dessinés avec des traits rappelant des singes.

Sorti en 2023, l’album, La Gorgone Bleue, a commencé à susciter la controverse il y a quelques semaines notamment sur les réseaux sociaux où Dany, le dessinateur belge de 81 ans, a été accusé de propager des préjugés racistes sur les Noirs. En août 2023, il avait indiqué à Paris Match avoir « montré les esquisses et les planches à son éditeur qui les avait acceptées et validées ». Il a également révélé avoir redessiné les femmes noires parce qu’on reprochait à ses esquisses « de trop grosses lèvres ». Face à la polémique, Dupuis s’est confondu en excuses.

« Depuis quelques jours, les prises de parole se multiplient pour exprimer la colère ressentie devant la représentation des personnes noires et des femmes dans le “Spirou vu par” de Dany et Yann, La Gorgone bleue, publié en septembre 2023. Nous sommes profondément désolés si cet album a pu choquer et blesser. Cet album s’inscrit dans un style de représentation caricatural hérité d’une autre époque », tente d’expliquer l’éditeur qui explique avoir lancé le retrait de l’ouvrage des points de vente.

Le reproche fait à la bande dessinée occidentale concernant la représentation de l’Afrique n’est pas nouveau. En 2014, par exemple, le célèbre « Tintin au Congo » des éditions Casterman a subi de fortes critiques sur des stéréotypes racistes. L’album est retiré des librairies britanniques depuis 2007 après avoir été accusé de diffuser des « préjugés raciaux hideux » par la Commission pour l’égalité des races, une association anglaise. De son côté, la justice belge refuse d’interdire Tintin au Congo suite à une plainte de 2011. « Vu le contexte de l’époque, Hergé (l’auteur; ndlr) ne pouvait pas être animé d’une telle volonté (de diffuser des préjugés racistes :ndlr) », ont déclaré les juges belges. Selon l’éditeur Didier Pasamonik, Tintin au Congo avait plutôt l’intention « de séduire les petits Belges pour qu’ils deviennent les futurs cadres de la colonie congolaise ».

De manière générale, les plaintes concernant la représentation de l’Afrique dans la bande dessinée occidentale ne sont pas différentes de celles sur les stéréotypes dans les médias et dans le cinéma.

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La bande dessinée a, par contre, un problème spécifique de représentation de l’Africain. Généralement représentés avec des traits hypertrophiés, comme les énormes lèvres rouges du pirate Baba dans Astérix et Obélix, les Africains sont depuis longtemps vus de manière étonnante physiquement et sur le plan intellectuel.

Du côté américain, on a l’exemple de Lothar, serviteur noir, fort physiquement et pas trop intelligent, du célèbre magicien Mandrake. L’un des rares exemples de représentation respectueuse des Africains dans la BD occidentale nous vient de l’italien Hugo Pratt, auteur de Corto Maltese. Cela s’explique peut-être par le temps passé en Afrique par l’auteur avec son père, fonctionnaire colonial en Ethiopie, sous colonisation italienne, dans les années 1930.

Près de 100 ans après, les stéréotypes africains restent présents dans la bande dessinée européenne et américaine. Pourtant, les bandes dessinées africaines comme Aya de Yopougon, de l’ivoirienne Marguerite Abouet, font un travail impressionnant pour déconstruire certains stéréotypes et une représentation trop caricaturale du continent.

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