En Afrique, les efforts des gouvernements pour encourager la transformation de la noix de cajou sont louables, mais ils devront être intensifiés afin de créer une industrie durable et compétitive sur le long terme.
Accueil • Environnement • Noix de cajou : quels impacts des politiques ciblant la transformation en Afrique ?
En Afrique, les efforts des gouvernements pour encourager la transformation de la noix de cajou sont louables, mais ils devront être intensifiés afin de créer une industrie durable et compétitive sur le long terme.
C’est la principale conclusion qui se dégage de la plénière d’ouverture de la 18ème Conférence et Exposition de l’Alliance africaine du cajou (ACA) qui se déroule jusqu’au 19 septembre à Cotonou.
Baptisée « Politiques visant à promouvoir la transformation du cajou en Afrique : Faisons-nous un impact ? », cette session a été modérée par Rita Weidinger, chef du projet de la coopération allemande « Market Oriented Chains Value for Jobs and Growth (GIZ/MOVE) » ciblant les chaînes de valeur du riz et du cajou dans les pays de la CEDEAO.
Alors qu’actuellement entre 10 et 15 % de la production africaine de noix de cajou estimée à plus de 2 millions de tonnes est transformée sur place, cette plénière avait pour objectif de mettre en lumière l’efficacité des efforts publics faits sur la dernière décennie. Si globalement les intervenants reconnaissent que l’industrie africaine des amandes vient de loin, Jim Fitzpatrick souligne cependant que le succès reste fragile et encore très localisé.
« Sur les capacités installées en Afrique, seulement 54 % sont utilisés. Quand on regarde le paysage global, 62 % des capacités installées en Afrique sont présentent en Côte d’Ivoire », nuance l’expert avant de s’interroger « La question est quel type d’industrie nous voulons bâtir ? Combien d’usines seront encore opérationnelles dans 5-10 ans ? Qui investit dans la transformation ? Qui participe le plus ? Des investisseurs étrangers ou locaux » ?
Sur ce dernier aspect, Alfred Francis, directeur général du Conseil tanzanien de l’anacarde (CBT) souligne que déjà dans le pays d’Afrique de l’Est, les autorités promeuvent activement l’implication des nationaux pour pouvoir atteindre la transformation totale de la récolte d’ici 2030.
« L’objectif de la hausse de la transformation domestique ne repose pas seulement sur les investisseurs étrangers. Les nationaux jouent un rôle actif. Sur un total de 68 000 tonnes transformées, 60 % ont été le fait des petits transformateurs qui ont un impact localement. Il y a plusieurs importateurs qui achètent directement auprès de ces acteurs », souligne le dirigeant. La nécessité d’accorder une plus grande place aux acteurs locaux a été également appuyée Boubacar Konta, président de l’Interprofession du cajou du Sénégal (ICAS).
« J’ai visité des usines en Côte d’Ivoire. Les unités dont les capitaux sont majoritairement détenus pas les étrangers fonctionnent de manière optimale. Mais celles détenues par les nationaux enregistrent des difficultés. Je pense qu’il faudrait mieux penser la transformation pour qu’elle impacte au niveau national. Oui pour les incitations pour l’industrie et les emplois, mais il ne faudrait pas que cela tue les champions nationaux », souligne-t-il.
A la question globale de savoir quel modèle de politique publique pourrait permettre non seulement de soutenir l’industrie nationale en général, mais aussi de ne pas fausser le jeu de la compétitivité vis-à-vis du reste du monde, les intervenants ont apporté diverses réponses. S’il ne réfute pas le besoin d’accompagner les unités locales en Côte d’Ivoire (octroi en autres depuis 2017 d’une prime de 400 Fcfa par kg d’amande exportée, Ndlr), M. Fitzpatrick indique déjà que le futur de l’industrie africaine ne devrait pas de reposer sur les « aides » au privé.
« Dans le passé, il y a eu beaucoup de débuts prometteurs notamment dans les années 60-70 dans la transformation. Actuellement, il y a une progression. C’est une nouvelle ère. Mais je pense qu’une des pires erreurs serait de prendre cela pour acquis. Plusieurs questions restent en suspens. Est-ce une industrie qui sera dépendante des subventions ou une industrie compétitive à l’échelle mondiale ? ».
A propos de l’interdiction des exportations de noix de cajou, les avis ont été partagés sur son efficacité compte tenu de la porosité connue des frontières dans la sous-région et de son impact potentiel sur les prix perçus par les producteurs.
« Je pense que si un pays prend des mesures fortes et que si ces voisins ne suivent pas cela ne marchera pas. Aujourd’hui tous les pays offrent des exonérations. Si un pays se contente de ces interventions pour être compétitif, cela ne se fera pas », a affirmé de son côté Paul Marie Kodjo, Administrateur adjoint de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ).
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