(BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT) – Aux premières lueurs du jour, Tanger la blanche s’éveille doucement. Les écoliers arpentent les artères de la vieille ville, la Médina, et croisent sur leur chemin la foule qui rejoint les bureaux et les quelques touristes matinaux.
Surplombant le détroit de Gibraltar, à la pointe nord du Maroc, Tanger est un espace cosmopolite, la porte d’entrée d’un grand continent, l’Afrique. Intemporelle, son ambiance attire, chaque année, des millions de touristes qui viennent sillonner ces ruelles pavées.
Au cœur de la Médina, la maison d’hôtes « Riad Saba » accueille les vacanciers avec le plus grand soin. Sur la terrasse, les hôtes profitent de la vue surplombant le port, en dégustant le savoureux petit-déjeuner préparé par Ibrahim Jallouli.
Originaire d’Oujda, ce jeune chef cuisinier est venu à Tanger, conscient des possibilités que la ville pourrait lui offrir. « Je suis arrivé ici car c’est une grande ville pleine d’opportunités, qui attire des touristes du monde entier avec son patrimoine culturel et gastronomique », relève Ibrahim Jallouli.
Pour ce jeune professionnel, les services essentiels y sont assurés, en particulier la disponibilité de l’eau. « Dans mon métier, l’eau est essentielle. Je l’utilise tous les jours, que ce soit pour la cuisine, la boisson ou pour nettoyer les aliments. Elle est indispensable. Pourtant, je suis conscient qu’avoir de l’eau chaque jour, en permanence et au quotidien, est un véritable défi au Maroc. »
Comme de nombreux citoyens du Royaume, Ibrahim s’inquiète des effets des changements climatiques sur cette ressource vitale. Soumis à un climat chaud de type méditerranéen, la région bénéficie d’influences océaniques offrant un climat humide et tempéré.
Toutefois, depuis plusieurs décennies, ce profil météorologique est perturbé : les températures augmentent et les précipitations baissent, affectant la disponibilité de l’eau pour des millions d’habitants de la métropole.
La région, en pleine expansion économique, attire de nombreuses industries, et connaît aussi une véritable explosion démographique. Les besoins en eau augmentent et font peser une forte pression sur les gestionnaires de la précieuse ressource. L’État marocain a pris la mesure de cette nouvelle donne il y a déjà plusieurs années en lançant le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027.
À travers l’Office national d’électricité et de l’eau potable (ONEE), le gouvernement investit dans de nombreuses infrastructures pour sécuriser, renforcer et optimiser la ressource en eau, avec le soutien de la Banque africaine de développement. La métropole tangéroise en a bénéficié avec un ouvrage réalisé en 2023 : une prise d’eau brute au niveau du barrage d’Ibn Battouta.
Construite à la fin des années 1970, cette retenue d’eau a vu son niveau baisser depuis plusieurs années. Les prises d’eau brute diminuant en volume, il s’agissait d’optimiser la ressource. En effet, jusqu’à présent, l’eau brute du barrage s’écoulait jusqu’à la station de traitement de Mharhar en empruntant le lit de l’Oued éponyme. Ce parcours, à ciel ouvert, entraînait des pertes, notamment à cause de l’évaporation. Pour remédier à cette situation, une conduite d’eau de onze kilomètres a été construite afin d’optimiser la ressource.
Le message est clair : il faut préserver, à tout prix, l’eau au Maroc, dans les conditions climatiques actuelles et à venir. Cette philosophie est partagée par la Banque africaine de développement qui soutient le Maroc à poursuivre son élan. La première institution de financement du développement en Afrique a ainsi appuyé l’ONEE en finançant ce projet à hauteur de dix millions d’euros. Une somme qui vient s’ajouter à l’enveloppe globale de 1,2 milliard d’euros déjà investie au Maroc dans le secteur de l’eau.
Ces investissements sont indispensables pour améliorer les conditions de vie des populations bénéficiaires et porter le développement socio-économique de la région sur le long terme. Comme se plaît à le rappeler Ibrahim, notre jeune chef, « Pour moi l’eau, c’est la vie. S’il n’y avait pas d’eau, il n’y aurait pas de vie. »
Ce projet, parmi de nombreux autres, révèle la vision avant-gardiste du Maroc dans le domaine de l’eau : une vision de progrès et de croissance partagée.