En Afrique de l’Ouest, le réseau de transport figure parmi les moins denses au monde. Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années dans le domaine des routes, principal mode de transport dans la région, le secteur ferroviaire reste largement sous-développé.
Les pays de l’UEMOA peuvent se baser sur leur potentiel minier pour lever le financement nécessaire à la construction et à l’exploitation de projets ferroviaires. C’est ce qu’estime Aboubakar Touré (photo), directeur des infrastructures au niveau du Département de l’Aménagement du territoire communautaire et des transports (DATC).
D’après le responsable qui s’exprimait le 10 septembre en marge de la 2e journée de la session de formation de journalistes sur les chantiers de l’Union, l’intérêt pour ce mode de financement provient de sa capacité à fournir du crédit rapidement à bas coût, mais aussi une garantie à long terme aux investisseurs.
En effet, si dans l’ensemble les projets d’infrastructures de transport terrestre sont onéreux, ceux du segment ferroviaire détiennent la palme avec une période retour sur investissement pouvant s’étaler sur 25 à 50 ans. Dans un tel contexte de long terme qui ne motive pas particulièrement les bailleurs de fonds, même dans le cadre d’un partenariat avec le secteur public, M. Touré estime que les États ont tout intérêt à être proactifs.
« Les pays de l’UEMOA ont des ressources comme l’or, le fer, le nickel, la bauxite, le pétrole, le gaz, le diamant, etc., qu’ils peuvent mettre dans la balance pour la construction d’infrastructures ferroviaires. C’est cette dynamique qui peut permettre d’aller de l’avant. La CEDEAO avait le projet en 2010 d’alimenter un fonds à partir des revenus des cultures de rente à fort potentiel à l’export, ainsi que des richesses du sous-sol dans la perspective de la création d’un fonds pour financer les infrastructures en général. Malheureusement ce projet n’a pas pu voir le jour. Il faudrait vraiment inscrire la recherche de moyens financiers dans une vision économique plus large, sinon on continuera à chercher longtemps des milliers de milliards pour nos projets d’infrastructures qui sont coûteux ».
Pour rappel, l’un des projets de l’UEMOA est la réalisation de la boucle ferroviaire entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo, pour une longueur totale de 2928 km dont 1951 km à réhabiliter/rénover et 977 km à construire. Le coût total du projet est estimé à environ 10 300 milliards FCFA pour la construction de lignes ferroviaires neuves à écartement standard.