En Afrique de l’Ouest, l’agriculture représente un quart du PIB et assure 45 % des emplois. Secteur clé pour la sécurité alimentaire, il bénéficiera de l’amélioration des compétences des ressources humaines et de l’évolution des programmes éducatifs.
En Afrique de l’Ouest, la transformation de l’industrie agroalimentaire nécessitera le déploiement de politiques publiques visant l’amélioration des compétences sur tous les maillons de la chaîne de valeur agricole.
C’est ce qu’estime un rapport conjointement publié par la Commission de l’Union africaine (CUA) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), intitulé « Dynamiques du développement en Afrique 2024 : Compétences, emplois et productivité ». Si le secteur agroalimentaire ouest-africain dispose d’un immense potentiel, la région gagnerait encore plus grâce avec le développement des compétences techniques et non techniques.
En effet, expliquent les auteurs, il y a un besoin important de professionnels qualifiés dans les technologies agricoles (mécanisation et irrigation notamment), l’innocuité alimentaire (gestion et contrôle de la sécurité alimentaire/traçabilité), la planification, la réflexion stratégique, la gestion des ressources et l’organisation.
Pour l’heure, rappellent-ils, les compétences dans les systèmes agricoles ouest-africains restent insuffisantes et sont généralement acquises par le biais d’un apprentissage informel qui pénalise la capacité des acteurs à tirer le meilleur parti des possibilités d’amélioration de la productivité liée à la technologie.
« Les acteurs concernés, du fait de leur usage de technologies rudimentaires, se heurtent à des limitations considérables en termes d’efficacité et d’innovation. Fortes des compétences modernes, ce sont les multinationales opérant dans le domaine de l’agro‑transformation qui parviennent à tirer parti de nouvelles technologies modernes et plus efficientes. Au Ghana, l’offre de compétences de base répond bien à la demande des entreprises du secteur, mais il existe de forts déficits en termes de compétences techniques et systémiques. Au Sénégal, le niveau de compétences requis dans plusieurs métiers dépasse largement l’offre actuelle, avec un écart allant de sept à neuf années de scolarité, soulignant un déficit significatif de compétences », explique le rapport.
Dans un tel contexte, la mise en place de politiques éducatives mettant l’accent sur l’enseignement secondaire et la formation technique est cruciale pour non seulement combler le gap actuel mais aussi la demande future liée à des marchés alimentaires en évolution.
La CUA et l’OCDE expliquent que les gouvernements ont tout intérêt à renforcer la main-d’œuvre dans un environnement où les chaînes de valeur agroalimentaires se façonnent avec les nouvelles habitudes des consommateurs liées à l’émergence des chaînes de supermarchés, l’amélioration des revenus et l’urbanisation.
Avec les exigences liées à la standardisation de la production, aux normes de qualité et de sécurité sanitaire, la demande en compétences pour l’ingénierie alimentaire, la logistique agroalimentaire, la chaîne de froid devrait notamment s’accroître sur les prochaines décennies.
Sur un autre plan, le rapport souligne que les effets liés aux changements climatiques comme les pluies excessives et les sécheresses intenses nécessitent des compétences plus spécifiques pour limiter les impacts de ces épisodes sur la productivité agricole et la sécurité alimentaire.
« Le changement climatique nécessite un apprentissage continu et des compétences à appliquer à différentes stratégies d’adaptation telles que le changement de variétés, les dates de semis, la densité et l’irrigation des cultures, la gestion des engrais et le recours à l’agriculture biologique. Les techniques d’agriculture résilientes au climat présentent le double défi supplémentaire d’un besoin de solides compétences en matière de gestion et de coûts initiaux élevés pour l’équipement de plantations spécialisées », soulignent les auteurs du rapport.