Après deux hausses conséquentes des volumes d’importation d’engrais, de 73 724 tonnes et 100 000 tonnes consécutivement en 2022 et 2023, le Cameroun doit accélérer ses projets d’usines locales de productions d’intrants pour réduire ses dépenses sur ce segment.
Les importations d’engrais ont coûté 173,9 milliards FCFA au Cameroun de 2021 à 2023 selon l’Institut national de la statistique qui révèle des hausses annuelles en volume de 82% en 2022 à 129 600 tonnes pour 66,4 milliards (contre 36,5 milliards en 2021) et de 76,2% en 2023 à 228 326 tonnes pour 70,9 milliards (+6,7% en valeur).
L’INS relève que les coûts ont explosé en 2022 à cause du conflit Russo-Ukrainien, la Russie étant un important fournisseur d’engrais au Cameroun. Des coûts qui affectent la balance commerciale du pays, alors que les projets d’usines de production d’intrants peinent à s’y concrétiser.
Investir au Cameroun cite l’exemple d’une unité de production annuelle de 600 000 tonnes d’ammoniac et 700 000 tonnes d’urée de l’allemand Ferrostaal à Limbé au Sud-Ouest, dont le préaccord commercial d’approvisionnement en gaz naturel a été signé en 2013 avec EurOil Ltd et la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Les négociations piétinent depuis lors pour ce projet au coût évalué à environ 2 milliards USD. Des sources internes au ministère de l’Économie révèlent que « les négociations butent sur le prix du gaz proposé, qui rend le projet non rentable. Le dossier se trouve à la SNH ».
Fin juin, le ministre par intérim de l’Industrie, Fuh Calistus Gentry, révélait un projet gouvernemental d’usine d’engrais à Douala, que Gaz du Cameroun, la filiale du britannique Victoria & Gas exploitant les champs gaziers de Logbaba, a déjà accepté d’approvisionner. L’étude de faisabilité financée par l’État devrait démarrer cette année.
Il y a également la société Vision Global qui souhaite construire 2 unités de production d’engrais chimiques et organiques à Yaoundé et Limbé respectivement. Ces projets dont le coût global est estimé à environ 816 millions USD et dont les études de faisabilité ont démarré, devraient produire « 230 000 tonnes d’ammoniac et 400 000 tonnes d’urée par an » selon le ministre.