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Le Bénin conserve sa note B1 chez Moody’s, risques de dégradation à l’horizon

Moody’s a averti que la note du Bénin pourrait être dégradée si les réformes ralentissent ou si la croissance diminue, mais des progrès pourraient l’améliorer. Cette évaluation fait suite à l’émission de 750 millions de dollars en Eurobonds par le pays en février dernier.

L’agence de notation Moody’s a confirmé ce vendredi 30 août la note souveraine du Bénin à B1 avec une perspective stable, tout en avertissant sur les risques potentiels de dégradation dans les mois à venir. Cette décision fait suite à une revue périodique menée le 27 août 2024, au cours de laquelle l’agence a réévalué la pertinence des notations actuelles en tenant compte des récentes évolutions économiques et politiques, marquées notamment par des tensions diplomatiques avec certains de ses voisins.

Pour l’agence de notation, d’un côté, le pays bénéficie d’une stabilité macroéconomique soutenue par son appartenance à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et par un plan de développement gouvernemental ambitieux, le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), qui a stimulé la croissance économique ces dernières années. De l’autre, « le Bénin demeure une économie de petite taille, peu diversifiée, et vulnérable aux chocs externes », notamment en provenance du Nigeria et de la région du Sahel – Burkina Faso et Niger – deux zones en proie à des turbulences géopolitiques. Tous ces pays limitrophes, à l’exception du Togo, ont désormais une note de crédit allant de Caa1 à Caa3, signes de risques accrus et d’une instabilité qui pourrait, à terme, affecter l’économie béninoise, alerte l’agence de notation.

Une croissance résiliente, mais des défis persistants

Moody’s observe que le Bénin devrait continuer de bénéficier d’une croissance économique soutenue, avec une prévision de croissance du PIB réel oscillant entre 6 % et 7 % au cours des cinq prochaines années. Cette performance, l’agence l’attribue largement à des investissements stratégiques dans les infrastructures et aux réformes soutenues par le Fonds monétaire international (FMI). En parallèle, l’inflation, qui avait atteint un pic au début de 2023, a considérablement diminué, s’établissant à 0,9 % en moyenne au cours des sept premiers mois de 2024, un chiffre « bien en dessous de l’objectif de 3 % de l’UEMOA ».

Mais même les bons élèves doivent rester vigilants. Moody’s insiste sur « La faiblesse de la gouvernance et des institutions » qui reste un frein majeur. Pour l’agence de notation, il s’agit d’une contrainte de longue date pour le profil de crédit du Bénin. Et si le Bénin échoue à élargir sa base fiscale ou à maintenir sa discipline budgétaire après le choc de 2022, une dégradation de la note pourrait être inévitable.

« Nous envisagerions une dégradation de la notation du Bénin si les indicateurs fiscaux se détérioraient nettement par rapport à nos attentes actuelles », avertit l’agence, notamment si les besoins d’emprunt augmentaient ou si l’effort de réforme venait à faiblir. Le pays doit également faire face à des défis externes : la fermeture des frontières avec le Niger, principal client du Port de Cotonou, poumon de l’économie béninoise, les menaces terroristes qui ont ralenti les échanges avec le Burkina Faso et la volatilité sans précédent de la devise nigériane, qui perturbe les échanges avec le géant de l’est. Moody’s assure qu’elle s’attend d’ores et déjà « à ce que la force budgétaire reste faible dans un avenir prévisible en raison de la base fiscale étroite et des indicateurs fiscaux relativement faibles qui y sont associés, malgré les efforts du gouvernement pour l’élargir ».

Néanmoins, Moody’s ouvre la porte à une amélioration de la notation « si une réduction soutenue et substantielle du fardeau de la dette gouvernementale et de l’accessibilité de la dette se produisait au-delà de nos attentes actuelles, en particulier si elle s’accompagnait de preuves d’une amélioration soutenue du cadre institutionnel et de gouvernance du Bénin ».

Les risques ESG sous surveillance

Autre point d’attention : les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Moody’s note que si ces risques n’existaient pas, la note de crédit du Bénin serait probablement plus élevée. Le pays est « fortement exposé aux risques environnementaux et sociaux », et sa gouvernance reste « encore faible », notamment sur les questions sociales. Cela pèse sur la résilience du Bénin face aux chocs externes, et par conséquent, sur sa notation.

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