Depuis 2022, d’ancien modérateurs de contenus de Facebook sont opposés à Meta, la maison-mère du réseau social, devant les tribunaux kényans. Les accusations portent sur des licenciements abusifs incluant Sama, ancien sous-traitant pour la modération de contenu en Afrique.
Au Kenya, les anciens modérateurs de Facebook peuvent attaquer en justice Meta, la maison-mère du réseau social, comme les y autorise un tribunal qui a examiné en appel 2 affaires dans lesquelles le groupe américain est indexé. La première date de 2022 et a été initiée par le Sud-africain Daniel Motaung, qui travaillait à Nairobi pour Sama, sous-traitant de Meta chargé de retirer de Facebook les publications violentes entre 2019 et 2023.
Il affirme avoir été licencié après avoir voulu monter un syndicat réclamant de meilleures conditions de travail pour les modérateurs qui, selon lui, étaient insuffisamment payés et ne bénéficiaient pas de soutien psychologique, bien que faisant face aux pires publications de la plateforme. La seconde affaire date de 2023 et a été portée devant les juges par 185 anciens modérateurs de contenus de Sama.
Ils accusent Meta et l’entreprise de licenciement abusif après la décision de Sama en janvier 2023, de ne plus modérer du contenu. Ils accusent également le nouveau modérateur Majorel, d’avoir reçu pour consigne de ne pas les recruter. Toutes les tentatives de médiation et de négociations entre les parties, notamment encouragées par les tribunaux kényans, ont échoué.
X, ex-Twitter, a failli se retrouver dans une situation similaire en novembre 2022. Le staff africain du réseau social avait déclaré ne pas avoir été indemnisé comme les personnes licenciées hors du continent. Après plusieurs mois, les 2 parties ont trouvé un accord en février 2024, évitant un procès à X.
Mises en perspectives avec plusieurs communications récentes de pays africains décidés à réguler les réseaux sociaux et les géants du web, ces affaires semblent dessiner un changement dans les interactions entre ces plateformes et les pays africains. Récemment, après des discussions avec le président kényan William Ruto, TikTok a annoncé vouloir ouvrir une représentation physique dans le pays où l’interdiction du réseau social chinois était débattue au Parlement. Au Nigéria également, le gouvernement a réclamé en 2022 que Facebook, Twitter et TikTok ouvrent des bureaux locaux.
Cette exigence d’être représenté physiquement dans les pays africains est de plus en plus fréquente et permet par exemple aux gouvernements et aux pouvoirs judiciaires de respectivement réguler l’activité des réseaux sociaux et de juger les litiges les impliquant.
Cela dit, ces représentations physiques visent aussi un autre objectif : la taxation. Selon leurs communications financières de 2022, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont réalisé un bénéfice net cumulé de 320,47 milliards USD sur les 12 mois de 2021. Une part de ces gains est réalisée grâce à des revenus publicitaires perçus en Afrique, dont les Etats jugent donc légitime de taxer cette partie.