Facebook a annoncé, mardi 15 décembre, avoir démantelé trois réseaux de faux comptes impliqués dans des activités d’ingérence en Afrique. Il s’agit de deux réseaux russes et d’un réseau français. Selon le réseau social, les personnes derrières ce réseau français sont « proches de l’armée » et agissaient de manière coordonnée pour influencer l’opinion publique.
84 comptes Facebook, 6 pages, 9 groupes et 14 comptes Instagram. Ils étaient tous gérés depuis la France et actifs pour certains depuis 2018. Un véritable réseau de trolls a été démantelé et supprimé par Facebook et qui visait principalement la République centrafricaine et le Mali, et dans une moindre mesure le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Tchad.
Les personnes derrières ces faux comptes se faisaient passer pour des habitants de ces pays, explique Facebook, et postaient des messages en faveur de l’armée française ou de la politique française en Afrique, mais aussi des critiques et des accusations sur l’ingérence russe en Centrafrique notamment.
Sollicité par RFI, le ministère de la Défense à Paris botte en touche. « Depuis de longs mois, nous constatons la montée en puissance d’actions de désinformation à des fins de déstabilisation. » Mais impossible d’en attribuer une éventuelle responsabilité, selon le ministère, « en raison de la multiplicité des acteurs de cette lutte informationnelle ».
Ces tentatives de manipulation de l’opinion publique sont orchestrées par « des individus associés à l’armée française », selon la firme. L’enquête n’a cependant pas pu démontrer de lien direct avec le gouvernement ou l’armée.
Lutte d’influence
Deux réseaux russes de dizaines de faux comptes ont également été démantelés et Facebook affirme même que son enquête remonte jusqu’à l’Agence russe de recherche sur internet et au sulfureux homme d’affaires Evgueni Prigojine, un proche du président russe Vladimir Poutine.
Si les trolls français se contentaient d’utiliser de faux comptes sur les réseaux sociaux, les Russes, plus efficaces, s’appuyaient aussi sur des médias locaux ou de la publicité en ligne. Leurs messages en faveur de la politique du président Touadéra en RCA ou contre l’action française en Afrique étaient ainsi suivi par plus de 260 000 abonnés contre près de 5 000 côté français.
Ce n’est pas la première fois que des campagnes d’influence sont détectées en Afrique mais c’est la première fois que Facebook repère deux campagnes étrangères interagissant directement l’une avec l’autre. Une véritable lutte d’influence entre la France et la Russie en Afrique.