Les diamants constituent un tiers des revenus fiscaux du Botswana, un tiers du PIB et 80 % des exportations, selon le FMI. Dès son élection, le président Duma Boko se retrouve avec plusieurs dossiers majeurs à gérer dans ce secteur, notamment le nouvel accord avec De Beers et la concurrence des diamants synthétiques.
Au Botswana, c’est un séisme politique qui s’est produit le 1er novembre avec l’élection d’un nouveau président. Les élections générales ont consacré la victoire du candidat de l’opposition Duma Boko (photo), mettant ainsi fin à 58 ans de gouvernance du parti du président sortant Mokgweetsi Masisi. Au-delà de l’aspect politique, cette élection devrait aussi avoir des répercussions sur l’industrie du diamant, poumon de l’économie nationale.
L’une des priorités du nouveau président Boko devrait être la finalisation de l’accord de 10 ans négocié l’année dernière avec De Beers, principal producteur de diamants dans le pays. Après avoir prêté serment, le nouveau président a promis des discussions avec la filiale d’Anglo American, en vue de parvenir à un accord. Après des mois de bras de fer, l’administration Masisi était parvenue en 2023 à arracher à De Beers, de nouveaux avantages pour le Botswana, dont une allocation plus importante de diamants bruts pour la société nationale.
« La relation avec De Beers aurait pu être endommagée par la manière dont les négociations ont été menées », a fustigé M. Boko, qui envisage maintenant d’obtenir un « compromis ». Des analystes du secteur indiquent que la signature d’un accord avec De Beers pourrait être l’une des mesures phares du nouveau régime.
Interrogé à ce sujet par Agence Ecofin, l’analyste Edahn Golan estime qu’on « peut raisonnablement s’attendre à ce que l’accord bloqué avec De Beers soit finalisé et signé ». Mais pour le fondateur de Tenoris, plateforme spécialisée dans les tendances de prix des bijoux en diamants, un autre dossier devrait aussi être suivi de près par la nouvelle administration, en l’occurrence l’accord annoncé avec le diamantaire HB Antwerp.
HB, diamants synthétiques, etc…
Parmi les initiatives prises par l’ancien président pour diversifier les revenus générés par l’exploitation des diamants, on retrouve en effet un accord avec la société belge HB, spécialisée dans la taille et le polissage des diamants. Le Botswana vise une participation de 24 % dans la société, à qui il a promis un approvisionnement en diamants bruts pendant cinq ans.
Alors que la signature du partenariat est toujours attendue, le ministre des Mines Lefoko Moagi a indiqué en août dernier la volonté du gouvernement de modifier les termes de l’accord. Gaborone chercherait à obtenir une participation de 49,9 % dans HB, pour le même montant initialement négocié pour les 24 % d’intérêts. Le montant en question reste inconnu, mais des documents budgétaires ont montré en Février que 890 millions de pilas (66 millions $) ont été réservés par le gouvernement pour le projet avec HB.
En dehors de ces dossiers, il faut souligner que plusieurs questions font l’actualité du secteur minier local ces derniers mois. Il s’agit de la vente annoncée du groupe De Beers dans lequel le Botswana détient 15 %, de la chute des ventes de diamants bruts en raison de la menace croissante que représentent les diamants artificiels, et en conséquence la nécessaire diversification du secteur minier et de l’économie en général. Autant de sujets importants sur lesquels le nouveau président est attendu.
Rappelons que le Botswana est le deuxième producteur mondial de diamants, le premier en Afrique. Les pierres représentent environ le tiers du PIB et des revenus fiscaux, et comptent pour 80 % des exportations. Au cours des neuf premiers mois de 2024, le ralentissement mondial du marché a entrainé une baisse de 52 % en glissement annuel des ventes de diamants bruts pour Debswana, la coentreprise 50/50 avec De Beers qui assure la majorité de la production nationale.