Les prix du cacao sont à la hausse sur les marchés internationaux. Après plusieurs années de surproduction et de prix bas, la filière est aujourd’hui confrontée à de faibles rendements, à une offre réduite et à des prix élevés.
Accueil • Environnement • Afrique : le partage de données, le maillon manquant de l’industrie cacaoyère
Les prix du cacao sont à la hausse sur les marchés internationaux. Après plusieurs années de surproduction et de prix bas, la filière est aujourd’hui confrontée à de faibles rendements, à une offre réduite et à des prix élevés.
Les épidémies de ravageurs, les maladies ainsi que les effets du changement climatique sont considérées comme les principales causes de ces évènements. De plus, les producteurs de cacao d’Afrique de l’Ouest manquent d’incitations à adopter de meilleures pratiques agricoles qui renforceraient la résilience de leurs exploitations.
Les prévisions des climatologues nous indiquent que nous devons nous attendre à des conditions météorologiques plus extrêmes à l’avenir, ce qui entraînera des fluctuations continues de la production et des prix. Les acteurs de la filière se doivent donc d’opérer des changements audacieux.
Un revenu décent pour les producteurs de cacao est plus qu’une nécessité
Les chocolatiers dépendent étroitement des producteurs pour leur approvisionnement en fèves de cacao. Quand ces producteurs ne parviennent pas à gagner suffisamment pour répondre à leurs besoins de base, ils sont incapables de planifier sur le long terme ou d’investir dans des méthodes agricoles durables. Un “revenu décent” correspond à la somme nécessaire pour qu’une famille dans une région donnée puisse couvrir ses coûts de production tout en s’assurant un niveau de vie convenable. Cela inclut l’accès à la nourriture, à l’eau, au logement, à l’éducation, aux soins médicaux, au transport, aux vêtements et à d’autres besoins essentiels pour tous les membres de la famille. Pour garantir un approvisionnement fiable, il est donc crucial que les producteurs perçoivent au minimum ce revenu décent.
L’industrie du cacao reconnaît désormais l’importance d’un revenu décent des producteurs de cacao. Lors de la Conférence mondiale du cacao de l’ICCO en 2018, il a été unanimement reconnu que la durabilité du secteur serait compromise si les producteurs ne percevaient pas un revenu suffisant pour vivre dignement. Des initiatives européennes, telles que Beyond Chocolate et l’Initiative néerlandaise sur le cacao durable (DISCO), s’engagent activement à promouvoir un revenu décent au sein de l’industrie. Parallèlement, en Afrique, des avancées notables sont réalisées, notamment avec l’initiative Côte d’Ivoire-Ghana (CIGHCI). Première initiative interafricaine pour un cacao durable, elle a développé des mécanismes pour améliorer les revenus des producteurs de cacao et s’assurer que « le prix reflète la valeur sociale du produit » (CIGHCI) , affirmant ainsi la nécessité d’un revenu équitable pour les producteurs.
Les données sont cruciales
Quelle a été l’évolution des revenus des producteurs au cours des six dernières années ? Se sont-ils rapprochés des niveaux de référence calculés pour un revenu décent dans les différentes régions de production ? Quel est le pourcentage des ménages de producteurs de cacao qui perçoivent aujourd’hui un revenu décent ? Honnêtement, nous n’en savons rien. Pour appréhender avec précision les écarts de revenus, il est essentiel de disposer de données fiables.
La bonne nouvelle, c’est que les données existent. Les chercheurs, les experts en suivi et évaluation au sein des compagnies privées de l’industrie cacaoyère et les organisations de la société civile collectent de nombreuses données sur les revenus des producteurs et les facteurs qui influencent les niveaux de revenus agricoles. Au sein du programme cacao de IDH, nous travaillons avec divers négociants en cacao et chocolatiers, ainsi qu’avec les chercheurs qu’ils engagent pour le suivi de leurs activités. Tony’s Chocolonely et ses partenaires de l’Open Chain partagent publiquement les données sur les revenus dans leurs chaînes d’approvisionnement. Cela n’est cependant pas le cas de l’ensemble de l’industrie du cacao et du chocolat, très probablement pour des raisons liées au risque réputationnel ou pour des considérations juridiques. Pourtant, les décideurs politiques des pays producteurs et importateurs, les partenaires de l’industrie et les professionnels de la durabilité ont grandement besoin de données fiables et actualisées sur les questions de durabilité dans le secteur mondial du cacao.
L’inventaire des revenus du cacao ou Cocoa income inventory
L’inventaire des revenus du cacao propose une solution efficace : agréger et anonymiser les données pour mesurer les progrès réalisés afin de réduire les écarts de revenu et renforcer la responsabilité mutuelle des parties prenantes envers leurs engagements en la matière.Lancé par IDH, Wageningen University & Research, Voice Network, KIT, Sustainable Food Lab, Agri-Logic et Südwind Institut, cet outil permet aux entreprises du cacao et du chocolat de partager en toute sécurité leurs données, régulièrement mises à jour. L’objectif est de créer une plateforme robuste, publique et harmonisée pour le partage de données et de preuves, qui pourra être utilisée pour informer les décideurs politiques et les partenaires de l’industrie, mesurer les progrès réalisés et s’assurer que les parties prenantes respectent leurs engagements communs pour l’amélioration du revenu des producteurs.
L’étude sur le revenu des ménages cacaoyers fournit des directives pour la collecte de données et l’évaluation du revenu des ménages de producteurs de cacao. Associés à l’inventaire des revenus du cacao, ces outils devraient permettre d’harmoniser davantage la collecte et le partage des données et de mieux comprendre l’impact des interventions.
Il est certain que le succès de cet inventaire repose sur l’engagement actif des entreprises à partager leurs données. Cette démarche exige des changements audacieux et le changement n’est jamais aisé. Le chemin est encore long, mais nous sommes convaincus que les acteurs de la filière prennent davantage conscience qu’aborder aujourd’hui et ensemble les défis du revenu des producteurs contribuera in fine à un approvisionnement de plus en plus fiable, à la réalisation des objectifs de revenu décent et une amélioration de la professionnalisation de la filière.
A propos d’IDH
IDH est une organisation mondiale qui travaille avec divers partenaires afin de transformer les marchés au profit des personnes, de la planète et du progrès. IDH réunit depuis 15 ans, des acteurs engagés sur les marchés mondiaux afin de créer les conditions optimales de travail et une meilleure rémunération pour les travailleurs. Elle œuvre également à l’adoption par ces acteurs de pratiques éco-responsables et inclusives pour tous. Son approche, unique en son genre, est fondée sur la facilitation de partenariats, la cocréation et le cofinancement de projets visant à relever les principaux défis de la chaine de valeur, tels que la déforestation, les revenus des travailleurs, la répartition de la valeur et le changement climatique.
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